
Mon lémur s’est fait le mur,
Il est parti, ce vaurien.
J’ai trouvé ça vraiment dur,
J’l’aimais bien, mon lémurien.
Un matin, sans crier gare
Sans m’en avoir averti,
Il a largué les amarres
Me laissant anéanti.
Un gamin de mon village
L’a vu quitter la maison
Puis bondir sur un nuage
Et filer vers l’horizon.
J’ai bien du mal à comprendre
Pourquoi l’ingrat m’a plaqué
Malgré mes câlins si tendres
Et mes soins attentionnés.
Ça faisait bien des années
Que nous vivions tous les deux
Je lui avais tout donné
Pour qu’il soit cool et heureux.
Une maison bien douillette
Et, au petit déjeuner,
Œuf à la coque et mouillettes
Croissant et café au lait.
J’aimais ses yeux vert agate,
Sa dégaine désinvolte
Ses numéros d’acrobate,
Cabrioles et virevoltes.
On dit qu’il est retourné,
Las de ce monde imbécile,
Au pays où il est né,
Vers la douceur de son île.
Depuis qu’il m’a laissé choir
Tout ici m’ennuie, me rase,
Je déprime quand vient le soir :
Me manquerait-il une case ? …
Je crois qu’ell’ m’attend là-bas
Au pays du mora-mora*
Je crois qu’il m’attend là-bas
Le lémur de mes amours.
Je vais retourner ma veste
Comme un vieux caméléon,
Et, sans demander mon reste,
Prendre le premier avion.
Retrouver le goût des mangues
Le bleu des jacarandas
Les senteurs d’ylang-ylang
De vanille et de coprah.
Mon lémur s’est fait le mur,
Il est parti, ce lascar.
Je le rejoindrai, pour sûr…
Là-bas à … Madagascar.