

J'ai pas choisi
J’ai pas choisi du tout la peur du lendemain
Ce voile d’embarras dans le regard des gens
De n’être plus personne et d'être moins que rien
Aux yeux de tous ceux-là qui ont assez d'argent.
J’aimerais tant pouvoir supporter leurs regards
Sans la honte tenace qui me rougit le front
J’aimerais bien aussi ne plus suivre au hasard
Ce chemin sans issue, sans but, sans direction.
J’ai pas choisi du tout de fouiller les poubelles
Dans l’espoir de trouver quelque chose à manger
De vivre comme un chien n’ayant dans sa gamelle
Pour toute nourriture qu’un vieil os à ronger.
J’aimerais simplement me nourrir à ma faim
Sans devoir pour cela mendier la charité
Sans avoir pour cela à vous tendre la main
Au prix de ma pudeur et de ma dignité.
J’ai pas choisi du tout d’avoir le corps qui tremble
La nuit dans ce taudis lorsque l’hiver est là
Là où nous nous terrons et dormons tous ensemble
Dans l’espoir illusoire d’avoir un peu moins froid.
J’aimerais moi-aussi avoir une maison
Avec un lit bien chaud pour m'endormir le soir,
Ne plus subir les coups, la rigueur des saisons
Et quitter à jamais la rue et le trottoir.
J’ai pas choisi la honte la peur et la misère
Auxquelles mon destin m’a trop tôt condamné.
J’ai pas choisi non plus cette rude galère
Où la vie, malgré moi, m’a trop tôt entraîné
J’aimerais bien aussi comme tout un chacun
Vivre un peu plus tranquille et l’esprit rassuré
A l'abri du parcours hasardeux, incertain
D'une brebis galeuse et brebis égarée.
J’ai pas choisi ce monstre sournois et invisible
Qui me tient dans ses griffes, me ronge à petit feu,
Me rend la vie lointaine, et si inaccessible,
Me ruine tout espoir d’être un beau jour heureux.
Je n’ai plus que mes rêves pour m’évader d’ici
Loin de ces faux espoirs, ces peurs et ces souffrances,
Ce quotidien morose, ces peines et ces soucis,
Bien loin de vous aussi, vous qui avez la chance …
… De vivre votre vie avec plus d’assurance
Et de ne pas rester comme moi sur la touche,
D’avoir en l’avenir un peu plus de confiance
Que nous, les oubliés, marginaux et farouches.
A vous qui m’écoutez, je tenais à le dire
Je pourrais être vous, vous pourriez être moi
L’adversité est dure, l’indifférence est pire
Alors unissons-nous dans le même combat.
Published by jef herzog - chansons